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RICERCARE

CINÉGRAPHIE DU DRAME

L’atmosphère générale de ta pièce me rappelle les films d’Arnaud Desplechin. Les personnages me semblent réussis parce qu’ils ne sont pas prisonniers de la trame narrative : en quelque sorte, l’avant-plan constitué par le portrait vivant de quatre personnages se détache clairement de l’arrière-plan tragique. 

Si Ricercare était un film, il me semblerait pertinent de poser les conflits des personnages une fois pour toute, puis de laisser la tragédie progresser en background et de me concentrer sur l’avant-plan... Les décors portent sans doute quelque chose de fort visuellement : les jouets abandonnés, les marionnettes, l’orangerie, ce côté un peu désuet et triste (comme dans un film de Tarkovski)...

JULIEN ROUYET

cinéaste, Léopard d'Or du  court-métrage au Festival de Locarno 2008

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CENDRES

DE L'OBSCUR CLARTÉ DU SOUVENIR

Prenant place dans la trilogie de L’Ordalie, dont Ricercare constitue le deuxième volet dans le temps, Cendres s’inscrit dans le principe dramatique de la tragédie antique, marquée par l’urgence nécessaire de l’action et, en même temps, l’impossibilité du dénouement qui mettrait fin aux souffrances des héros. Le cycle auquel appartient la pièce explore, à la suite de l’Orestie d’Eschyle, les motifs de la mort, de la culpabilité, des limites de la volonté humaine. Cendres met en scène la dimension féminine et maternelle du fardeau tragique, à travers le personnage de Blanche Urwald, qui, dévorée par le passé familial, tente en vain de libérer ses enfants d’une malédiction que seul l’oubli semble pouvoir résorber...

MATHILDE SIMON

maître de conférences à l'École normale supérieure de Paris 

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THÉÂTRE

LA DENTELLE ET LE POINT DE BASCULE

Il n’est pas souvent permis de parler d’une œuvre aussi originale et exigeante que celle d’Olivier Dhénin. Décalée, aurais-je envie d’ajouter, par la cohabitation qu’elle permet, entre une profondeur littéraire surannée souvent au bord de l’érudition et du maniérisme d’un côté, et, de l’autre, la représentation de la brutalité originelle - sous les déguisements d’une langue savamment policée. Le drame, tel qu’il est ici inventé, travaille à un des ressorts essentiels du théâtre : le moment irrémédiable où l’innocence du jeu de rôles bascule dans la violence des conflits adultes, en laissant en sous-texte la fatalité (et l’indiscernabilité) de ce point de bascule. Cette œuvre, tant préoccupée de théâtre, de musique que de poésie...

ISABELLE BARBÉRIS

maître de conférences en arts du spectacle à l'Université Paris 7

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AUDELIN

RITOURNELLES DE L'ABSENCE

À bien des égards, ces Feuillets d’Audelin marquent une forme de rupture dans la production théâtrale d’Olivier Dhénin. On retrouve, certes, comme dans la trilogie de L’Ordalie ou dans Ellénore, ses thèmes de prédilection : l’enfance blessée ou abandonnée, la figure du double maléfique et menaçant, l’amour trahi ou incompris, la fuite d’un temps dont la morsure s’apparente à celle du sel dissolvant le paysage dans Suite lyrique..Dès lors, les personnages ne sont plus qu’errance et survie maladroite, condamnés à se frayer un chemin dans ce monde de l’après – après quel drame, quelle apocalypse muette ? – qui n’en finit pas de disparaître... 

MARINE LE BAIL

maître de conférences à l'Université de Toulouse

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MANIÉRISME

HOMMAGE AUX POÈTES BAROQUES

Voici que se composent, en ces

trois séries de sept sizains, les tableaux variés d’une Mer de la Tranquillité où le calme, l’immobilité, la lumineuse sérénité d’un paysage sommeillant comme le rêveur qui le contemple et l’interroge, laissent percevoir la vie et ses nuances, ses espoirs et ses craintes. La Mer de la Tranquillité que nous donne à parcourir rêveusement Olivier Dhénin connaît le trouble et la houle, elle peut faire sombrer la frêle barque qui s’aventure sur ses eaux frémissant à peine, mais elle sait aussi dans ses scintillements bercer tendrement l’enfant noyé qui se confie à elle pour attendre « l’aurore à venir qui perce les nuées »...

GISÈLE MATHIEU-CASTELLANI

professeur de littérature française à l'Université de Paris 7

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MARINES

RÊVERIE LUNAIRE

Quelle étrange rencontre ! Des sizains ciselés, à l’écoulement régulier, cyclique et pour tout dire aquatique, avec des photographies à la trame piquée de miroirs très anciens, à la transparence menacée par l’affleurement d’une matière minérale charbonneuse ! L’eau et la pierre, le mouvement et l’immobilité. « La mer de la tranquillité » roule ainsi dans son sein des œuvres aux consistances étrangères l’une à l’autre. Elle joue, comme son nom l’indique, le paradoxe. Les photos disent une mer, sous la forme discontinue de clichés, l’analyste dirait de condensations ; les mots en disent une autre, selon le fil d’un discours poétique ininterrompu...

THIERRY GRILLET

délégué à la diffusion culturelle à la Bibliothèque nationale de France

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FABLE

DE LA CONSTRUCTION DRAMATIQUE

Dix années séparent la scène d’exposition d’Ellénore du monologue final d’Audelin dans Suite lyrique et on pourrait croire que tout les oppose : l’action, l’écriture, le sujet. Néanmoins il est singulier de constater que les mêmes thèmes de la forêt, du voyage, de l’effondrement, de la folie et encore de la musique se retrouvent dans les deux pièces. Quelques variations – ou évolutions – sont toutefois à souligner : la forêt bruissante d’oiseaux d’Ellénore s’est vidée dans Suite lyrique, devenant ancestrale et chimérique. Foisonnante et mythique, dans les deux cas elle rappelle le rapport à la nature de Ralph Waldo Emerson...

OLIVIER DHÉNIN

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MUSIQUE

MIROIR D'ELLÉNORE

Ellénore est un drame dont la trajectoire s’étend comme un grand crescendo. Et, pour la traduire, la forme du quatuor à cordes paraît la plus adéquate. Par la finesse des nuances, l’ambitus des tessitures, la force des accents, la variété des coups d’archet, les cordes peuvent exprimer toutes les dynamiques croisées de la progression dramatique. Plus qu’un parallélisme avec le déroulement du texte littéraire, elles créent une symbiose entre les divers éléments de la pièce (style d’écriture, jeu des acteurs, contrastes des situations, évolutions psychologiques). Musicalement, il fallait a priori rejeter toute prétention descriptive... 

JACQUES BOISGALLAIS

compositeur

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MEAULNES

À LA RECHERCHE DU DOMAINE PERDU

Je regarde Yvonne de Galais sur la terrasse : elle attend Augustin Meaulnes, bien sûr, comme elle a toujours fait. À ses côtés, François Seurel, l’ami fidèle, l’amoureux secret, le confident intime. Toujours là, lui aussi, depuis cent ans. C’est la scène du chapitre « Conversation sous la pluie » de la troisième partie du Grand Meaulnes. Ce n’est pas la Maison de Frantz mais elle pourrait être non loin, dans le bois, près du paddock des chevaux, au bout du parc. —  Cinq voix vont parler, reconstituant une histoire tragique,  une rencontre éternelle un matin d’hiver sous le soleil miraculeux, tout de blanc vêtues pour une cérémonie inachevée. 

OLIVIER DHÉNIN

© 2019 by Olivier Dhénin / Fondation des Treilles

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